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Patron pêcheur…de père et mer

Publié le 09/07/2019

 

Florent Le Boulay a 29 ans. Il est patron pêcheur, un métier qu’il exerce à bord du Men Gwen, un chalutier* de 18,50 mètres de long. Il pratique la pêche côtière* dans le golfe de Gascogne*. Ses spécialités : la langoustine et les poissons de qualité comme le saint-pierre, la sole, la lotte… Rencontre à bord de son navire amarré au quai de Keroman, le port de pêche de Lorient.

Comment es-tu devenu pêcheur ?

« Je suis issu d’une famille de marins pêcheurs.  La première fois que je suis allé en mer avec mon père, j’avais sept ans. J’ai toujours su que j’allais devenir pêcheur. J’ai attrapé le virus très tôt. Je suis sorti du lycée professionnel à 19 ans, et j’ai commencé comme matelot sur le pont. À 20 ans, j’ai passé mon diplôme de chef mécanicien. Ensuite, j’ai fait mes premiers remplacements comme mécanicien ; puis comme patron à bord de ce bateau qui a longtemps appartenu à mon père. Il y a trois ans, j’ai racheté ce navire, je suis devenu à mon tour patron pêcheur. »

Qui travaille avec toi ?

« En tant que patron, je m’occupe de la conduite du navire et de la pêche. Mon équipe se compose de cinq personnes. Mais quand on part en pêche en mer, on embarque le plus souvent à quatre. Mon second, Cyril, a 50 ans. Cela fait 20 ans qu’il travaille à bord de Men Gwen, il a commencé du temps de mon père. Il connaît le bateau par cœur : il est mécanicien et c’est lui qui me remplace aux commandes du navire quand je me repose. Mon deuxième mécanicien, Maxime, a 27 ans, on se connaît depuis l’école de pêche. Il assure le suivi de la machine. Il contrôle le moteur, il fait de la prévention. À bord, il y a aussi mon cousin Laurent, il a 42 ans. Alexandre, 32 ans, est le petit dernier du bateau. Il est matelot et intervient sur le pont. Avec les autres, il met le filet à l’eau, et le remonte 3/4 heures plus tard environ. Puis, il trie la pêche : les poissons dans les caisses jaunes et bleues du port de Keroman, les langoustines dans des viviers afin qu’elles soient toujours vivantes quand on les débarque au port. »

Comment vivez-vous à bord  ?

« On fait tout ensemble : on travaille, on mange, on vit ensemble. Avec Men Gwen, on essaye de faire des marées à la semaine, et de disposer de nos week-end. En général, on revient toutes les nuits au port pour déposer nos prises de la journée à la vente. Puis, on reprend aussitôt la mer. On ne ne dort pas tous les soirs chez soi quand on est pêcheur. On ne voit pas nos familles pendant plusieurs jours. Mais aujourd’hui, heureusement, grâce au téléphone qui équipe les bateaux, on prend plus facilement des nouvelles de la terre. »

Qu’est ce qui est le plus difficile dans ce métier ?

« Dans la pêche, c’est la mer qui commande. Il faut toujours rester à l’écoute de la météo, et s’adapter. Pour nous, au quotidien, la journée commence dans la nuit. On fait route au moteur jusqu’au petit jour. Puis, on jette à l’eau le premier filet. Cela s’appelle faire un coup de chalut. Lors d’une journée sur l’eau, on en fait quatre ou cinq en moyenne. À bord d’un chalutier, le travail est très intensif. Il faut toujours qu’une partie de l’équipage soit disponible pour les manoeuvres sur le pont et faire marcher le bateau. Forcément, on ne peut pas dormir tous en même temps. On fait des petites siestes de quelques heures, chacun à notre tour. Ce rythme est fatiguant. Il nous impose de prendre régulièrement, et à tour de rôle, une semaine de congés à terre pour bien nous reposer. »

Qu’as-tu attrapé dans tes filets lors de ta dernière campagne de pêche  ?

« On a pris un peu plus de 300 kg de lottes, de soles, de merlus, de limandes, de rougets et de saint-pierre. On a également pêché 300 kg de langoustines. Ce n’est pas beaucoup pour celle qu’on appelle « la demoiselle ». Elle est capricieuse ! Elle n’aime pas les changements de vent, elle n’aime pas quand il fait trop chaud, ni trop froid. Elle n’est jamais facile à traquer. La langoustine se mérite sur les étals du poissonnier ! »

 

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ton métier ?

« J’aime bien être en mer, passer du temps à la barre au poste de navigation ; et choisir mes zones de pêche. Au large, j’éprouve une certaine forme de tranquillité qui me plaît. Le Men Gwen, c’est ma deuxième maison, j’y passe plus de temps que chez moi. J’ai aussi la chance de voir beaucoup de levers et couchers de soleil à l’horizon. J’apprécie mon bureau avec sa vue panoramique sur l’océan. Le Men Gwen reste aussi une entreprise comme les autres. C’est donc toujours une belle satisfaction quand on fait des bons coups de chalut… Et que la pêche est bonne ! »

Lexique

Le chalutier désigne un navire de pêche à la traîne qui tire le chalut, c’est-à dire un filet de forme conique (ou en forme de chaussette).

La pêche côtière  est est pratiquée par des navires de 12 à 20 mètres de qui s’absentent du port pour des marées d’un à cinq jours. Environ quatre bateaux sur dix lorientais pratiquent la pêche côtière. Les chalutiers débarquent leurs prises entre minuit et 3h00 du matin.

Le golfe de Gascogne est une partie de l’océan Atlantique Nord située entre la Bretagne et le nord-ouest de l’Espagne. Sa limite conventionnelle est une droite joignant la bouée d’Ar-Men, au large de l’île de Sein, et le cap Ortegal, en Galice.

 

 

 

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